Un numéro de copulation mimique
Isabella Lanz - NRC HANDELSBLAD (21 mai 2005)

Le décor joue le rôle principal dans le spectacle de danse Chunking Benoît Gob trottine de long en large comme un clown français suranné. Dans le spectacle Chunking, il se remonte comme une poupée mécanique, se roule par terre et raconte de longues histoires au public. Puis apparaît Tijen Lawton dans une petite robe de cirque noire transparente. Un visage est brodé sur son buste en paillettes étincelantes : les yeux à la place des seins. Elle danse avec élégance, sensuellement. Un troisième danseur, Julien Faure, est surtout le frimeur, le séducteur sexy qui attire l’attention par ses pas de danse folkloriques et enjoués et son beau torse. Deux autres personnages un peu moins prononcés (Louise Peterhoff et Maarten Seghers) font partie de ce petit club burlesque de comédiens qui remplit la scène, un à un. Ils exhibent leurs pulsions animales et se sautent dessus comme des grenouilles en rut. L’instant d’après, ils se laissent dompter en un clin d’œil comme des chevaux dans un numéro de dressage au cirque. Le rôle principal dans Chunking, que la chorégraphe Grace Ellen Barkey a réalisé avec la troupe belge Needcompany, est cependant réservé au décor de Lot Lemm. Il se compose d’une forêt de panneaux disposés çà et là et qui sont recouverts de couleurs bariolées ou de motifs fleuris. Sur un sol blanc et avec un arrière-plan tout en couleurs, cette image théâtrale définit l’ambiance joyeusement chamarrée. Ce n’est pourtant qu’une façade – la suite nous l’apprend – qui cache des désirs beaucoup plus noirs, principalement sexuels et même légèrement pervers. Une image empruntée au Jardin des délices de Jérôme Bosch défile, dans laquelle avaler et déféquer se suivent en un seul mouvement fluide. Un numéro de copulation mimique donne vie au célèbre néon plastique de Bruce Nauman. A cet instant, l’éclairage est tamisé et on entend des sons éthérés et sinistres d’instruments à cordes de Scelsi. Dans la partie finale, les comédiens montent sur scène comme des poupées déjantées, dans des costumes rigolos également signés Lemm. Sur fond de musique grunge expérimentale de Sonic Youth, ils cassent littéralement la baraque et trottinent un peu au hasard. Chunking est certes divertissant – même si la tension narrative retombe un peu et que les déplacements de panneaux sont ressentis comme du remplissage. Mais le spectacle n’est pas aussi profond que veut nous le faire croire sa metteuse en scène. Chunking est une ville en Chine. C’est également un terme de psychologie qui désigne la fragmentation des souvenirs. Aucune de ces deux significations n’a un rapport avec le spectacle. Les citations qui l’accompagnent (empruntées à Houellebecq, Bataille, et au poète E.E. Cummings) sont d’une profondeur que l’on cherche en vain dans le jeu des comédiens. Chunking est un mélange ludique de théâtre dansé, de performance et d’art plastique, dans lequel l’esthétique attrayante est déterminante. La combinaison d’un hédonisme frivole et d’un anarchisme décadent semble évoquer l’œuvre d’artistes comme Micha Klein et Joep van Lieshout : drôle et grinçant à la fois. Cela, par contre, les comédiens de ce jardin des délices inventif le transmettent fort bien.

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