‘Chunking’, un clin d’œil de Grace Ellen Barkey à la pornographie
Elke Van Campenhout - DE STANDAARD (17 octobre 2005)

Dans ‘Chunking’, Grace Ellen Barkey transforme le superflu frivole en d’étranges images érotiques. Si le papier peint à fleurs et les grands vases évoquent pour vous une décoration intérieure harmonieuse avec la vie de famille assortie, c’est que vous n’êtes pas encore allé voir Chunking. A première vue, ce cauchemar surréaliste de la chorégraphe Grace Ellen Barkey paraît purement décoratif. C’est comme une pelle à tarte. Chaque ménage en a une, mais plus personne ne se souvient comment elle est arrivée là. (And), le précédent spectacle de Barkey, oscillait entre comédie musicale, théâtre imagé et chorégraphie, et ce nouveau spectacle est lui aussi très imagé et musical. Les enceintes crachent du Sonic Youth. Pour la dernière partie, les personnages sont accoutrés de costumes au tricot approximatif et de masques. Ils ressemblent aux petites poupées en plastique du plasticien Paul McCarthy, qui entretiennent, dans ses petits films d’animation, les relations les plus grotesques. Barbouillées de ketchup et de choco, ses Barbies se transforment de reines de beauté en petites baiseuses perverses. Dans Chunking aussi, ça copule dans tous les coins, mais cela reste tout de même beaucoup plus subtil. Le spectacle commence comme un show de variétés ou une comédie de cirque. Un comédien se tortille en tous sens tout en essayant de préparer la représentation. Une jeune fille en négligé festif pousse la chansonnette au micro. Les autres personnages se grimpent dessus, se reniflent et s’accouplent comme des chiens, et forment en groupe des chaînes de débauche assez suggestives. Cependant, tout cet étalage d’érotisme est plutôt enfantin que réaliste. Il fait davantage référence au comique de situation embarrassant des animaux domestiques qui se mettent à copuler, qu’à une pornographie ‘adulte’. Peu à peu, le côté indéterminé de leurs tentatives érotise l’entièreté du décor. Soudain, l’innocente tapisserie à fleurs n’est plus qu’un paravent trompeur. Les vases immenses deviennent des rondeurs du corps, des orifices là où on n’en attend pas. Les possibilités de l’imagination s’étendent à l’infini, jusqu’à ce qu’on perde complètement pied. Il faut avouer qu’on peut, çà et là, en dire autant du spectacle lui-même. Dans la première partie, on se pose quelques questions sur la qualité du mouvement, la débauche d’images ou la nécessité de certains sketches. Parfois, tout cela paraît fort gratuit et un rien superflu. Mais lorsque le ton du spectacle s’assombrit et que l’anecdote se dissout dans l’horreur de ces êtres tricotés un peu indéfinis, Chunking gagne en autorité. La sécurité ouatée sécrète une vague inquiétude qui vient s’emparer de la salle. En dépit de la façade décorative.

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