A Avignon et Marseille, la danse belge confirme son absence de complexes et son inventivité. Lorsqu'un programmateur veut dépasser le traditionnel clivage entre danse et théâtre, il convoque en général des Belges flamands. Depuis les années 70, avec Jan Fabre qui a ouvert la voie, ceux-ci sont en effet habitués aux trafics de style, performers autant que metteurs en scène ou chorégraphes, voire vidéastes, auteurs et plasticiens. Issus pour la plupart des beaux-arts, ils ne se sont jamais sentis redevables d'un quelconque héritage chorégraphique, contrairement à leurs homologues français. Très productifs et cependant peu présents dans les festivals purement danse, les Flamands tiennent à Avignon le haut du pavé. Il faut se réfugier dans la Chambre d'Isabella de Jan Lauwers pour assister à une saga qui commence avec la Première Guerre mondiale et court jusqu'à nos jours. Là encore, il est question de collection et d'héritage. Les objets ethnologiques sont exposés sur la scène. Ils en disent long sur la colonisation et sur le pillage archéologique. Lauwers explosif. Dans sa chambre muséale, Isabella, 90 ans, aveugle et isolée, raconte sa vie. Comme dans un flash-back cinématographique, les personnages ressurgissent du passé. Comme dans les plus mauvais feuilletons télé, on a droit à l'épopée familiale, du père prétendument prince du désert au petit-fils qui tombe follement amoureux de sa grand-mère. La mise à distance libère alors le rire. On ne peut faire pire cauchemar : une folie consanguine portée collectivement au centre même de l'héritage. Comment Jan Lauwers, lui aussi visiblement attiré par Isabella, va-t-il sortir de ce bourbier ? En costume blanc, il n'est guère plus sain que l'amant fou, le petit-fils incestueux, le père adoptif ivrogne, la mère décavée... Entre le petit mac et le dandy explorateur, Lauwers n'est pas brillant et se tient dans un coin de la scène comme un chef d'orchestre désabusé. Jan Lauwers choisit ici Gabriel Garcia Marquez comme guide pour transmettre le récit aux spectateurs. ça marche, car Isabella, très généreuse, nous ouvre la porte de sa chambre. Et, comme les acteurs, on s'en sort par le chant collectif. La Chambre d'Isabella est une pièce explosive, sans morale, une aubade, un chant d'amour à l'adresse d'une femme qui a vu défiler les pires horreurs - tout y passe : les guerres mondiales, les camps, Hiroshima, la famine en Afrique, le Vlaams Blok... Isabella vaut bien un tel hommage, comme celle qui l'interprète, la follement géniale Viviane De Muynck. A l'instar des plus idiots scénarios qui arrachent des larmes, sans le sou, elle finira
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