Sad Face | Happy Face
SN, APA - Salzburger Nachrichten (4 août 2008)

Une pièce de théâtre de sept heures de Jan Lauwers et Needcompany, devant un public enthousiaste vendredi soir : plusieurs minutes d’applaudissements et d’ovations debout à la Perner-Insel à Hallein. (SN, APA) ‘Si vous n’arrivez pas à oublier l’événement, c’est que nous avons été bons,’ déclare l’artiste et créateur de théâtre belge Jan Lauwers dans le livret de ‘Sad Face / Happy Face’. Needcompany, sa troupe, n’a aucun souci à se faire à ce sujet : la trilogie d’environ sept heures (avec deux entractes de 30 minutes) qui a été jouée pour la première fois dans son intégralité vendredi soir au Festival de Salzbourg, a récolté à la Perner-Insel à Hallein plusieurs minutes d’applaudissements et une ovation debout bien méritée. Une expérience théâtrale impressionnante – des instants qui donnent la chair de poule ! Jan Lauwers a travaillé sur l’ensemble pendant quatre ans : en 2004, il a créé ‘La chambre d’Isabella’, deux ans plus tard c’était ‘Le Bazar du Homard’. Ces deux pièces ont connu un grand succès dans le monde entier, et ont fini par convaincre également Thomas Oberender, le directeur des spectacles de Salzbourg. Il a commandé l’élaboration d’une troisième partie. Lundi dernier, ‘La Maison des cerfs’ a connu sa première à Hallein, et hier, on a pu voir pour la première fois les trois parties d’affilée (avec pour sous-titre : ‘Trois histoires sur la condition humaine’) – un regard sur le passé, l’avenir et enfin le présent. ‘Chacune de ces trois histoires est basée sur la réalité,’ explique Lauwers. Une réalité qui a ensuite été élaborée de façon fictionnelle. Et dans les trois situations, le Belge se révèle être un narrateur passionné : dans ‘La chambre d’Isabella’, la protagoniste (jouée par Viviane De Muynck) évoque des souvenirs soigneusement mis en scène de sa vie, qui a connu tous les hauts et les bas, et toutes les promesses et les mensonges du 20e siècle. Dans ‘Le Bazar du Homard’, délicieusement absurde au début et d’une tristesse sans nom sur la fin, un généticien peine à surmonter le décès de son fils, et il est témoin malgré lui de l’embrasement des banlieues, où brûlent les carcasses de voitures. Dans ‘La Maison des cerfs’, enfin, qui est peut-être la partie la plus intense du point de vue physique et émotionnel, mais également la plus longue (trop ?), la guerre de Yougoslavie s’immisce dans la vie d’une famille d’éleveurs de cerfs : un photographe de guerre est forcé de tuer une membre de la famille, et il vient ensuite rendre visite au foyer éprouvé. ‘Ce sont trois histoires différentes et totalement indépendantes sur la nature humaine,’ déclare Lauwers. Les différentes parties sont reliées par la merveilleuse compagnie, dont la composition se modifie à peine tout au long de ces sept heures – et la performance de cette troupe est tout bonnement fantastique : la façon dont les récits sont élaborés et développés, la façon dont tout tourne autour du mensonge et de la souffrance, de la confrontation avec la mort (tous les morts parlent encore avec les vivants), l’acceptation de la tristesse et l’espoir en général. Malgré ce regard sceptique sur le ‘monde extérieur’, et malgré la tragédie, Lauwers parvient à insérer dans sa trilogie un fond de réconciliation, presque d’optimisme. On pourrait prendre ça pour des histoires d’Alexander Kluge, qui s’insèrent comme des miniatures dans la marche du monde. Et à chaque fois, cela s’accompagne de chansons pop douces, et parfois moins douces (qui jouent un peu le rôle de chœur grec). ‘What A Waste Of Time Is Pain’ chante Neecompany dans ‘La chambre d’Isabella’, et à la fin de ‘La Maison des cerfs’, nous en arrivons à la conclusion que nous sommes tous ‘de petites gens au grand cœur’ – l’ambiance feu de camp est comprise dans le prix. Lauwers se charge lui-même de l’introduction à la pièce, et initialement, il participait à l’événement en tant qu’observateur et soutien sur la scène, mais il a fini par disparaître à l’arrière-plan. Mais sa mise en scène est restée évidente, partout et toujours : il y a toujours différentes actions simultanées sur les différentes parties de la scène, et toujours, l’éclairage, les dialogues, la musique, le jeu des acteurs et la danse se fondent en un ensemble cohérent, à chaque fois le texte acquiert une actualité politique grâce à l’emploi de plusieurs langues, et la thématique bien claire est universellement compréhensible. Il est vrai qu’il restait quelques places pour cette représentation marathon, mais ceux qui ont risqué l’aventure ne l’ont certainement pas regretté. Jan Lauwers et Needcompany ont assuré une soirée théâtrale pleine d’humour, de philosophie et d’occasions de réflexion – bref, une bonne soirée de détente. Et nombreux seront ceux qui seront ravis d’apprendre que la musique comme les textes sont disponibles tant sur CD que sous forme de livre (Fischer Verlag).

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