Avec Songs of Disconnection, Maarten Seghers cherche un sens à ‘l’inintelligibilité’ :

“Le livret à consonance abstraite à la base de Songs of Disconnection oscille entre implication et indifférence et explore l’intensité que cet affrontement est susceptible de provoquer. Le livret devient tragique dans son inintelligibilité, une notion centrale dans mon travail : la communication ne devient claire que lorsqu’elle échoue.

Ces nouveaux chants sont une déflagration anarchique, parce que tout ‘pourrait être’ et rien ‘n’est’ ; elles sont une déclaration exubérante qui jaillit d’une imagination exacerbée sur des lieux inaccessibles et des époques incompréhensibles ; elles sont un générateur qui fait éclore l’idée absurde appelée ‘ensemble’.”

Aya Suzuki, Simon Lenski, George van Dam et Michael Schmid sont, outre des virtuoses de la compréhension et de l’interprétation de l’écriture musicale, aussi des artistes autonomes qui – dans leur propre travail, chacun à leur façon – remettent fondamentalement en question la musique pour arriver au son et à la musique comme matière physique. La motivation de Seghers est de convertir non seulement leur profession, mais aussi eux-mêmes et leur corps en matière.

C’est là où un ensemble de musique contemporain et un collectif d’artistes tel que Needcompany diffèrent l’un de l’autre et où ils se croisent. Le premier part de la logique performative pour arriver à la musique, l’autre part de la logique de la musique pour arriver à la performance.

Depuis ‘WHAT DO YOU MEAN WHAT DO YOU MEAN AND OTHER PLEASANTRIES’ (2014), Seghers a invariablement présenté “l’orchestre” comme protagoniste de ses spectacles. D’abord en tant que chanteur avec son accompagnement orchestral fictif. Plus tard, dans ‘O or The Challenge Of This Particular Show Was To Have Words Ending In O’ (2016), à la fois en tant qu’ensemble de grosse caisse contemporain, en tant que troupeau de vaches meuglant et chœur grégorien muselé, puis en tant que groupe de rock déchu dans ‘Concert by a Band Facing the Wrong Way’ (2018) et maintenant en tant qu’orchestre de chambre errant dans Songs of Disconnection. Dans toutes ces œuvres, l’orchestre – et donc “l’artiste” – devient un artefact exhumé quasiment archéologiquement.


Mike Lynch: “Cette dialectique de sons, de rythmes et de tonalités contrastés – un thème récurrent de la performance – reflète l’une des convictions artistiques de Maarten : cette communication ne devient claire qu’après avoir échoué. Cette œuvre est une expérience qui teste les limites de l’engagement, qu’il s’agisse de la voix, de la musique ou de l’interprétation.”