Lauwers contre le coma des idées
Dominique Frétard - LE MONDE (24 mai 2003)

Danse : "No Comment", charge éreintante de Jan Lauwers contre le coma des idées. Le chorégraphe flamand bouscule nos fatalismes dans un spectacle en quatre volets. On sort assommé de No Comment, dernier spectacle en date du Flamand Jan Lauwers. On ne sent pas venir les coups, mais on finit en charpie. On en veut à l'auteur de ne pas nous épargner. Impression d'avoir été dépecé, déréalisé. Pédophilie du père, viols d'adolescentes, femme-kamikaze : rien que les faits divers, tels que les dévide l'actu. Sans commentaire. En quatre volets, trois monologues et un solo dansé, Jan Lauwers attaque nos vies de bouffeurs d'images. D'observateurs fatalistes. "Il y a toujours quelque chose un jour qui vous montre qui vous êtes", confesse de sa voix mondaine et plate celle qui, dans le récit intitulé Salomé, aide son amant à lever des très jeunes filles afin d'abuser d'elles. Dans ce monologue, Carlotta Sagna expose une vie sexuelle qui emprunte beaucoup au roman de Catherine Millet (il n'est pourtant jamais question de viol dans La Vie sexuelle de Catherine M.). Ces textes sont imaginés par des hommes, écrivains connus et reconnus en Belgique. Le point de vue de femmes serait peut-être différent... si Charles L. Mee s'est chargé de Salomé, c'est Josse De Pauw qui ouvre avec La Buveuse de thé, Jan Lauwers signant No Comment, danse solitaire qui donne son titre au spectacle, et Ulrike, dans lequel la femme porte des boules Quiès. Les comédiennes, dont deux sont à l'origine des danseuses - Grace Ellen Barkey et Carlotta Sagna -, racontent des situations dont elles n'ont plus l'air de comprendre le sens. Ni aveux ni confession Grace Ellen Barkey dans La Buveuse de thé, parée comme une divinité indienne, est en fait une petite fille bloquée au stade infantile du pipi-caca, toujours à deux doigts de vouloir montrer comment elle s'y prend. Le bec de la théière dont elle aimerait bien "qu'il verse autrement, ailleurs et pourquoi pas en l'air", est-il le symbole du sexe du père abusif ? Le texte est allusif. Les flashes multicolores de la mise en scène et les effets de tapis volant hypnotisent Le solo de l'étonnante Tijen Lawton, qui arrive dans un bikini qu'on croi taillé dans le drapeau américain, est une respiration, toute provisoire. Magnifiquement seule sur l'immensité du plateau, elle divague une seule et même phrase qu'elle reprend en boucle. Viviane De Muynck et ses boules Quiès peut enfin arriver. Au début de Ulrike (Meinhoff), elle est en perdition dans un grand magasin. Autour d'elle, la réalité s'estompe. Elle est en même temps victime et éditorialiste de ce qu'elle vit."Quand tout devient image, cela n'est plus supportable", dit-elle, avant de se faire exploser. Bruit de pétard. "Dans la réalité, c'est plus fort", commente-t-elle... Egalement peintre, Jan Lauwers, directeur de la Needcompany, est méconnu (ou mal compris) en France, où seul le Théâtre de la Ville le programme depuis quinze ans.

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