Création de « MUSH-ROOM », spectacle grotesque Troupe axée sur la performance, la Needcompany de Flandre surprend toujours par ses extravagances. Avec Marketplace 76, dans une mise en scène de Jan Lauwers, elle nous avait réservé en septembre dernier un horror-show des plus joyeux. Elle nous revient aujourd’hui pour une nouvelle création. Dans Mush-Room, la chorégraphe Grace Ellen Barkey présente une heure et demie totalement dépourvue d’action narrative cohérente, mais suscite un enthousiasme réel, surtout de la part du jeune public. Grace Ellen Barkey, Indonésienne de naissance, a fondé la Needcompany en 1986 avec Jan Lauwers. Les scénographies magiques que Lot Lemm met au point pour elle d’une main d’artiste ont plusieurs fois eu les honneurs des musées. Les décors et costumes de la danse-performance de « MUSH-ROOM » sont un spectacle en soi. Tels des kobolds, les performeurs et danseurs s’avancent masqués sur une scène enveloppée de brume, déployant en éventail des champignons renversés qu’ils font danser au bout de câbles. C’est également en homo fongicus que se présentent les acteurs de ce spectacle qui cultive le grotesque en surfant sur les effets hallucinogènes de certains champignons peu recommandables. Tout aussi impressionnants, les douze titres préenregistrés de « The Residents », le groupe culte de San Francisco, parus sur CD à l’occasion de la création. Leur panorama sonore détourne la pop dans une déconstruction qui par moments peut rappeler la bande son d’un James Bond. Tout en souplesse, les performeurs exécutent une extraordinaire et acrobatique danse rampée, serpentant sur leur plateau comme des chenilles et finissant par une répétition générale, armes-jouets phosphorescentes à la main, de la révolution mondiale des champignons. Dans cette farce déjantée, malgré ses images fortes, Grace Ellen Barkey renonce à tout piège de l’illusion : chaque effet de scène est présenté comme tel.