Des champignons qui dansent et un indéniable pouvoir stupéfiant
Sarah Heppekausen - NRZ/WAZ (25 mars 2013)

Création de MUSH-ROOM, spectacle de théâtre-danse de Grace Ellen Barkey, au PACT Zollverein. Un divertissant voyage en absurdie. Ils ne tiennent pas en place. Vibrionnants, ils dansent à petits pas sur la scène, font signe au public, sautillent, grimacent. Des tourbillons vêtus de noir, coiffes blanches nouées sur la tête. Voici les Mushrooms, des champignons psychoactifs qui, pendant l’heure et demie qui va suivre, parviendront à peine à se calmer. Ils sont complètement à la masse, animés d’un incessant besoin de bouger. Ce sont des êtres unicellulaires excités, en colère, des mystères mutants, des révolutionnaires en rut. Une fois de plus, Grace Ellen Barkey présente une chorégraphie proprement hallucinante : la mise en scène de la cofondatrice de la Needcompany ne s’adresse pas à l’intellect, mais à l’imagination et à la fantaisie, par la fantasmagorie. Ce qui se passe sur scène semble régulièrement se dérouler sous l’emprise de la drogue. Que les acteurs principaux du nouveau travail de Grace Ellen Barkey, créé actuellement au PACT Zollverein, soient des champignons est parfaitement logique, car MUSH-ROOM a un indéniable pouvoir stupéfiant. La scénographe Lot Lemm, avec qui Grace Ellen Barkey collabore depuis de longues années, a conçu pour elle le pays des merveilles qui convient. De splendides champignons, réalisés selon un technique de plissage en nid d’abeille, pendent des cintres. Lorsque les champignons vivants tirent sur les câbles, les champignons de papier entrent eux aussi en mouvement. Et alors les choses dansent, comme dit l’un des vivants. Une parole que, comme les autres qui sont dites sur la scène, il ne faut pas prendre plus au sérieux que les discours confus d’une personne sous influence. On proclame le mouvement pour l’acceptation de tous les mycètes, on cherche un mot en « f », on discute des règles en champignonnie. Chez Barkey, parler relève plutôt de l’agitation que de la création de sens. Et agités, ils le sont tous en permanence. Mohamed Mushroom, par exemple, est le breakdancer parmi les champignons. D’autres présentent des danses martiales. En sautillant, en rampant, en avançant à petits pas, ils cherchent le contact pour une multiplication accélérée des spores. Les activistes du corps fourmillent, ça grouille et ça gémit. Jusqu’à ce que Julien, le seul non-champignon, ait terminé son stoïque et inutile travail de collage de rubans adhésifs et déclare la guerre aux « champions » : leur élimination passera par leur ingestion. Mais lorsque les champignons entrent dans la bataille à leur tour, vêtus de ridicules costumes néon et de jupettes en raphia comme les sauvages des images, brandissant des armes bricolées, on vire à la lourdeur : la frontière entre l’absurde et l’inepte est mince et peut être vite franchie. Pourtant, soutenu par les ambiances décalées de la musique du groupe d’avant-garde « The Residents » (aux grands globes oculaires), qui tantôt transportent dans des univers de science-fiction et tantôt appellent des associations de carillons japonais, MUSH-ROOM fait preuve d’une très agréable originalité. Le microscope de Barkey révèle le microcosme d’un art du corps en constante mutation. Quant au spectateur qui accepte de se laisser emporter dans cette champignonnade atmosphérique et acrobatique, il pourra prendre un grand bol de fantaisie servi bien chaud.

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