Needcompany dit l’indicible dans 'FOREVER'
Els Van Steenberghe - Knack Focus (28 octobre 2016)

Grace Ellen Barkey met en scène Der Abschied, le dernier lied du cycle de Gustav Mahler Das Lied von der Erde. FOREVER est sans doute la mise en scène la plus fragile de ce lied, et c’est ce qui fait sa réussite.

★ ★ ★ ★

The Play = FOREVER

En une phrase = Avec les fragiles statuettes de porcelaine, les vidéos colorées de scènes naturelles et le chant intimiste, Barkey a trouvé dans FOREVER une façon brillamment intimiste et merveilleusement belle de mettre en images le moment le plus intense de la vie : celui où l’on se retrouve face à face avec la mort et qu’on ne désire rien de plus que quelques paroles à murmurer tandis qu’on fixe la Grande Faucheuse et qu’on espère qu’elle nous épargnera une fois encore, parce qu’elle nous fait réaliser à quel point la vie sur terre est merveilleusement belle.

Moment fort = Dans l’image de fin, que nous ne révélerons pas, le chant de Maarten Seghers, la projection vidéo et l’installation en porcelaine se fondent presque littéralement en une seule image qui résonne pour l’éternité.

Citation = ‘Jamais je n’errerai plus au loin / Calme est mon cœur et il attend son heure’

En 1909, Gustav Mahler achevait son cycle de lieder Das Lied von der Erde. C’était là son adieu au monde, après qu’il ait appris qu’il souffrait d’une maladie cardiaque incurable. Der Abschied constitue le final du cycle. Mahler y fait vraiment ses adieux au monde et semble prêt à s’en aller.

Lorsque Grace Ellen Barkey fut contrainte, pour des raisons hautement personnelles, de réfléchir tout comme Mahler à ses adieux à la vie, elle n’a pas hésité : elle décida de mettre en scène Der Abschied de Mahler. Et cela de la manière la plus pure et la plus fragile, sans pour autant verser dans le mélodramatique. Elle n’a donc pas appelé à la rescousse un chanteur ou une chanteuse d’opéra bien en chair pour interpréter le lied avec une virtuosité à couper le souffle. Bien au contraire, c’est à l’artiste / musicien et performer à la Needcompany Maarten Seghers qu’elle est adressée. L’homme sait chanter, mais il est tout sauf chanteur d’opéra. De plus, Barkey ne lui a pas seulement demandé de chanter la partie vocale, mais aussi toutes les autres parties du lied : une partie de violon, une partie de cor,…

Seghers se trouve dans un paysage de petites feuilles de porcelaine, créé par Barkey en collaboration avec Lot Lemm. La Grande Faucheuse s’y promène dans un silence menaçant, ses jambes maigres comme des clous se balançant juste au-dessus du sol. Le paysage intemporel représente la zone floue entre la vie et la mort. Au début du spectacle, un objet en porcelaine déplace littéralement l’attention du public de la vie (dans la salle) vers l’antichambre de la mort (la scène).

Seghers chante avec sur le visage une expression tantôt interloquée, tantôt amusée, tantôt d’une gravité insondable. Il se révèle ce faisant comme un performer désarmant qui met la salle dans sa poche en un clin d’œil et l’entraîne dans son voyage vers la fin (ou vers l’éternité ?). En manteau et pantalon noirs, il erre dans le paysage de porcelaine blanche. De temps à autre, une note de couleur s’allume, sous la forme d’une petite vidéo pleine de fleurs de printemps. A tant de fragilité, de faiblesse et d’impuissance, Barkey oppose la force sensuelle de trois jeunes danseurs : Mélissa Guérin, Sarah Lutz et Mohamed Toukabri. Leur danse frivole et pleine de vie marque beaucoup moins l’esprit que la performance de Seghers, et ne constitue pas beaucoup plus qu’un logique contrepoids tout en légèreté.

Avec les fragiles statuettes de porcelaine, les vidéos colorées de scènes naturelles et le chant intimiste, Barkey a trouvé dans FOREVER une façon brillamment intimiste et merveilleusement belle de mettre en images le moment le plus intense de la vie : celui où l’on se retrouve face à face avec la mort et qu’on ne désire rien de plus que quelques paroles à murmurer tandis qu’on fixe la Grande Faucheuse et qu’on espère qu’elle nous épargnera une fois encore, parce qu’elle nous fait réaliser à quel point la vie sur terre est merveilleusement belle.

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