Un Adieu de Mahler à la douce folie
Guy Duplat - La Libre (22 octobre 2016)

 

 

Grace Ellen Barkey, de la Needcompany, n’est pas seulement la compagne de Jan Lauwers. Actrice , performeuse, elle crée aussi des spectacles très personnels, étranges, empreints de poésie, de folie et d’humour (chose rare en danse contemporaine) dans des installations très singulières et fragiles comme des bricolages.

Pour FOREVER, elle s’est emparée à son tour, du sublime final, « Der Afscheid » du « Chant de la terre » de Mahler. Anne Teresa De Keersmaeker l’avait déjà fait dans 3Abscheid où la chorégraphe chantait elle-même le lied.

L’approche de Grace Ellen Barkey est radicalement différente. Cette fois, c’est Maarten Seghers, le musicien de la Needcompany qui interprète Mahler, sans orchestre, assis seul, tout devant sur la scène, mais dans une version qu’il a fortement arrangée et malmenée. Il apparaît tout de noir vêtu, très longs cheveux, chevalier errant qui réfléchit à sa vie et aux bonheurs qu’il a connus quand l’heure de la mort sonne. Il va faire ses adieux à cette terre.

Parfois Maarten Seghers chante le lied (bien d’ailleurs), parfois, il l’entrecoupe et le déchire par des rires, cris et bruits.

Toute la scène est blanche, en violent contraste avec la noirceur du chevalier. Une installation comme une sculpture mobile, de Lemm&Barkey, montre des arbres d’où pendent des feuilles blanches de porcelaine ou d’os. Sur d’autres « arbres » des chaises sont pendues. Tout peut tourner et tintinnabuler.

L’écrivain Stefan Hertmans qui signe un texte d’accompagnement au spectacle rappelle la définition de la nature selon Mahler qu’on retrouve dans ce curieux décor, « on dirait qu’un artiste a semé de la poussière de jade sur les fleurs délicates ».

Ce décor tout blanc est celui des plaisirs de la terre, de la nature (parfois des images de fleurs et de vent envahissent la scène). C’est aussi le paradis qui attend le chevalier après sa mort. Trois personnages y vivent, facétieux, volontairement jouettes, alternant à dessein beauté et ridicule. Un danseur et deux femmes (dont la belle danseuse Mélissa Guérin qu’on avait vue chez Jan Fabre dans Mount Olympus). Ils sautent, pépient comme des oiseaux, font des jeux d’enfants. Ils attirent le chevalier vers l’amour et le sexe, « pour réapprendre dans le sommeil un bonheur oublié et ce qu’est la jeunesse », chante Mahler.

Et puis la mort survient. Une pluie de porcelaine et de petits os tombe, l’orage gronde et une aube bleue se lève.

 

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