Les aspirations les plus élevées et les passions les plus viles
Pieter T’Jonck - De Standaard (17 novembre 2000)

A l’origine, Few Things se voulait une adaptation de la pantomime Le Mandarin Merveilleux de Béla Bartók. Mais dès la première représentation à New York, les héritiers de Bartók ont opposé leur veto. L’infidélité à l’œuvre de Bartók était la moindre des objections. Ce qu’ils considéraient comme un manque de respect plus grave était le fait que Muriel Hérault arpente la scène à demi nue coiffée d’écouteurs. Dans le spectacle actuel, la musique va de Tricky à Stockhausen. Dommage pour les héritiers, parce qu’à en juger par la version retravaillée, ils avaient mal regardé. Et ils n’avaient certainement pas compris qu’avec une fidélité excessive, on n’obtient qu’un théâtre mortel. On ne peut pas accuser Few Things d’être mortel, même si ce spectacle parle essentiellement de la mort et de sa compagne, le désir. En cela, la pièce reste proche de la thématique de Bartók. Un mandarin veut épouser une courtisane. Elle lui demande d’attendre cent jours. Pendant quatre-vingt dix-neuf jours, il vient lui faire la cour, mais le jour de l’accomplissement, il ne vient pas. Grace Ellen Barkey ne raconte pas cette histoire de façon linéaire, mais elle la met en scène comme un cirque déjanté, un « opéra chinois funky », pour reprendre ses propres termes. L’histoire est racontée à travers les yeux d’une fille (interprétée en tandem par Tijen Lawton et Muriel Hérault) que les frères proxénètes Hidama et Downey forcent à se prostituer, jusqu’à ce qu’un jour arrive le grand sauveur (Simon Versnel). L’histoire se décompose en d’innombrables variantes « apocryphes » dans lesquelles, pour ne citer qu’un seul exemple, naît entre le sauveur et la petite fleur des trottoirs une relation maître-esclave. Pourtant, l’enjeu de ce spectacle ne semble pas tant être la déconstruction ou la profanation d’un mythe originel. A mon sens, Barkey montre ici de façon brillante, associative et amusante, qui plus est, les nombreuses manières dont le désir, le doute, l’angoisse et le plaisir occupent et forment le corps. Plutôt que des mots, elle se sert à cet effet des mouvements. La forme chaotico-associative du spectacle suit la façon dont toutes ces émotions à la fois, en des cocktails changeants, colorent la présence des comédiens. La façon dont Lawton, en particulier – sans oublier les autres –, arrive d’un seul geste à évoquer à la fois une tendre dignité, une séduction vulgaire, l’ironie et la fureur, est tout bonnement indescriptible. Il faut le voir pour le comprendre.

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