Grace Ellen Barkey met en scène un rêve extravagant
Pieter T'Jonck - De Morgen (27 février 2010)

L’opéra chinois conjure le chaos dans une laverie automatique**** Cette porte est trop petite (pour un ours) est le titre de la nouvelle pièce de Grace Ellen Barkey et Lot Lemm. Dans le rôle principal : un ours en laine de toutes les couleurs. Benoît Gob, le doudou animé, tente de mettre de l’ordre dans le chaos, mais il n’y parvient pas tout à fait. Jusqu’à ce que l’opéra chinois vienne à son secours. par Pieter T’Jonck Au début de Cette porte est trop petite (pour un ours), on se demande un peu ce qui se passe. Sur la scène, une batterie de machines à laver, comme dans une laverie automatique. Elles ont pour particularité d’être en polystyrène, légères comme des plumes. Les six performeurs les trimballent dans tous les coins. Pour le reste, il y a des séchoirs, une planche à repasser et une boîte de poudre à lessiver. Quand l’ours veut se mettre au boulot, tous ces objets s’animent d’une volonté propre. La machine à laver recrache le linge sale et part en balade. La boîte de poudre et la planche à repasser sautillent narquoisement lorsque l’ours veut s’en saisir. Les autres performeurs tentent des expériences avec des tuyaux. Peut-on brancher une conduite d’eau sur son entrejambe ? Est-il possible de fixer le tuyau d’évacuation d’un séchoir électrique sur un ventre ? Après le service à thé parlant dans le film de Disney, c’est ici la planche à repasser qui prend la parole. « Ours, pourquoi tu gères une laverie automatique ? » A quoi l’ours répond : « J’aime quand les choses sont propres. » Question de la planche à repasser : « Alors tu n’es plus dangereux ? » Réponse de l’ours : « Non, je suis plutôt du genre productif. » Pendant ce temps, derrière le dos de l’ours, c’est l’enfer. Les autres performeurs apparaissent à leur tour dans des costumes d’animaux tricotés. Comme dans Chunking, une pièce précédente de Barkey, il s’agit là d’un gros clin d’œil à la parodie par Mike Kelley des contes de l’enfance innocente. La scène est évacuée. Place à d’autres petits jeux. Séduire le public, par exemple. Yumiko Funaya commence par observer les spectateurs avec grand sérieux pendant plusieurs minutes, avant de les exciter par une petite danse sensuelle. Sur un extrait du Lac des Cygnes, Julien Faure, en prince exhibitionniste, se plaît alternativement à dévoiler et cacher ses parties intimes avec un bonnet ou trois hauts-de-forme. Sung-Im Her remplit son costume de chiffons jusqu’à ressembler à un gros crapaud. Maarten Seghers, Benoît Gob et Misha Downey racontent les histoires absurdes d’une souris et d’un ours. Les événements sont aussi décousus qu’un rêve extravagant. Pourtant, à la fin, tout se rejoint. Un immense paravent à la chinoise s’éclaire. Deux écrans glissent d’un bout à l’autre de la scène. Se créent ainsi des espaces mystérieux, dans lesquels les performeurs dansent des duos, tantôt tendres, tantôt violents. Tout le chaos semble soudain oublié, surtout lorsque tous ensemble se mettent à danser, avec de larges sourires, un ballet de variété orientale. On croirait voir l’image même du bonheur. Mais après tout ce qui a précédé, on n’est pas dupe.

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