Depuis plus de 400 ans, Shakespeare est un artiste qui suscite la controverse. Tantôt il est considéré comme le plus grand de tous les temps, tantôt il est rejeté comme un mysoginiste antisémite qui s'est surtout illustré dans la conception de scènes violentes. C'est de cela que parle en détail Billy's Violence. Au dix-huitième siècle, les gens détestaient la violence et les tournures sombres de ses tragédies. Celles-ci ont donc été réécrites sans vergogne. Roméo et Juliette vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs jours ! Needcompany a donc demandé à Victor Afung Lauwers de lire les comédies et de voir ce qu'elles peuvent encore signifier à notre époque - une époque de grandes controverses, de polémiques vulgaires, de cancel culture, de racisme structurel, de changement climatique, de guerre. De quoi peut-on encore rire ? L'humour est-il l'arme du lâche ou une forme d'activisme ?

"Après Billy's Violence, qui traitait de tragédies, on m'a demandé d'écrire une comédie basée sur les comédies de Shakespeare. Je voulais écrire sur la 'réconciliation'. C'est un thème central dans les comédies. Mais la réconciliation est impossible sans amour ! J'ai donc tiré Romeo, 'star-cross'd lover', de son histoire tragique et je l'ai amené dans le lieu de notre comédie : Fairyland (le pays des fées). Mais Fairyland est en fait déchiré et ravagé par la fragmentation. Arrivé sur place, Romeo perd sa langue. Désormais, il parle un anglais hybride, ou "Globish". Il part à la recherche de sa bien-aimée JULIET. Mais JULIET a été expulsée de l'ordre symbolique, de l'édifice narratif lui-même ! Pourtant, Romeo veut accomplir son destin narratif en se mettant à l'écart : il veut se mettre à l'écart pour surmonter ce qui le sépare de JULIET dans la mort (principalement les divisions politiques et le réchauffement climatique). Mais... Romeo ne peut pas se tuer car il est dans une comédie ! Nu et isolé, Romeo doit continuer à chercher l'amour jusqu'à ce que quelqu'un mette fin à ses jours... Ce quelqu'un, c'est Bolingbroke, futur Henri IV des King's Dramas. Romeo devient Richard II et ils partagent le même destin : Romeo, désavoué par l'amour, et Richard, rejeté par l'amour.

Billy's Joy : une comédie liquide, une "HYSTOIRE", une guerre d'usure. Il y a quelque chose de pourri au Fairyland.”

- Victor Afung Lauwers

C’est formidable de découvrir l’imagination et les nouveaux points de vue de Jan Lauwers sur Shakespeare, qui lui permettent de donner vie à ces scènes complexes - Kurier ****