Nouvelle visite à une Reine de Glace pour s'assurer qu'elle fond
Anna Kisselgoff - NEW YORK TIMES

La version de "Turandot" de Grace Ellen Barkey, intitulée "(And)", est la dernière des productions comico-anarchiques qui caractérisent la Needcompany, la troupe de théâtre et de danse expérimentale belge que l'on peut voir actuellement à New York. Cette compagnie, fondée par Jan Lauwers et établie à Bruxelles, a fait forte impression en 1999 avec "Morning Song" de Lauwers à la Brooklyn Academy of Music, où ils ont également présenté une adaptation de "King Lear" par Lauwers l'année dernière. Il est toujours commode de qualifier ce type de productions d'art scénique empreint d'une composante chorégraphique forte. "(And)" est plus précisément un spectacle de danse ponctué de textes (parlés et chantés) et de musiques (en direct et enregistrées); il compte quelques danseurs remarquables (plus particulièrement Julien Faure) qui se sont donnés corps et âme dans les extrêmes physiques et enchevêtrements chorégraphiques de Madame Barkey. "(And)," que vous pourrez de nouveau voir ce soir au Kitchen (512 West 19th Street, Chelsea), est néanmoins une répétition épisodique et stylisée du conte à l'origine du "Turandot" de Puccini. Un cadre de photos, placé à l'avant-scène et servant de théâtre miniature, ne laisse entrevoir que certaines parties du corps d'un danseur (très souvent sans tête) et permet d'introduire des accessoires représentant des poissons, qui donnent l'impression que des marionnettes s'opposent aux véritables artistes. La majeure partie de l'action de la pièce, dont la première a eu lieu mercredi à New York, se déroule au sol. Le style rock and roll de circonstance dans l'œuvre est présenté par Angélique Willkie, chanteuse pop sensuelle et narratrice, qui assure le double rôle de l'esclave, portant le nom de Liù dans l'opéra. Le héros est un Orphée moderne couché quand il joue sur sa guitare électrique: Maarten Seghers a composé sa propre musique. Madame Willkie et Rombout Willems apportent leur contribution au reste du succès, avec entre autres des éléments de collage comme James Brown chantant "Sex Machine". Les pendants des ministres chinois de l'opéra, Ping, Pang et Pong, sont Monsieur Faure, Benoît Gob et Kosi Hidama, qui forment un trio exceptionnel, suggérant l'équivalent en mouvement de la musique rap. Monsieur Faure, qui aime se frotter au sol, a le don de se lancer en l'air dans un mouvement horizontal, généralement dans les bras de Monsieur Gob. On remarque à peine que Monsieur Gob, qui joue le père du héros et également le père de Turandot, est plus acteur que danseur. Ce type de limites s'estompe effectivement. La princesse T. (tel est son nom) est une danseuse virtuose portant le nom de Tijen Lawton. Ses mouvements souples et fébriles sur le sol évoquent l'épilogue du narrateur: après avoir décapité les hommes incapables de répondre aux trois énigmes puis être tombée amoureuse du héros qui réussit l'épreuve, la princesse devient muette "comme un poisson". Au centre de la pièce, le duo d'amour principal, une adaptation originale de la technique de l'improvisation de contact. Madame Lawton, petite et délicate et Monsieur Seghers, grand et mince, se tiennent à tour de rôle par le cou et se caressent la joue pour ensuite se détourner l'un de l'autre. Leur jeu d'ensemble devient une longue caresse répétée. La princesse qui dédaigne l'amour le désire en même temps.

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