Cet homme est un véritable capteur d’émotions
Helmut Ploebst - Der Standard (18 juillet 2015)

The Horrible Facts ouvre le Festival Impulstanz

Vienne – Une représentation du leader du groupe. Jeans, T-shirt vert, cheveux longs. Son visage balafré produit des sons indistincts. Un corps qui roule et se tord. En tremblant, il se traîne et rampe sur le feedback audio électronique de son groupe, The Horrible Facts. Son groupe est à la fois son podium : aucun être humain, mais six ‘faits effrayants’ sous la forme de caisses de résonance surdimensionnées en bois.

C’est ainsi que débute la pièce What do you mean what do you mean and other pleasantries de Maarten Seghers dans le décor du Wiener Schauspielhaus et c’est ainsi qu’elle marque aussi le départ de l’édition Impulstanz de cette année, qui s’est ouverte ce mardi dans la grande salle du musée avec le Show Hit the Boom de Doris Uhlich. Ce solo fait partie de la série [8:tension] qui est intégré au festival. Le Belge Seghers collabore souvent avec la Needcompany de Jan Lauwers, mais se produit aussi régulièrement en solo en tant que musicien et artiste vidéo et d'installation..

Cet homme, qui s’attache une longue planche le long de sa tête et de son corps au début de son spectacle What do you mean, adore se produire dans le cadre de concerts tels que The Tragedy of The Applause. Sa contribution au festival est par ailleurs aussi un concert. Il s’agit en fait d’une chanson qui remet en question, pendant toute une heure, tout ce qu’on rattache généralement au romantisme de la musique. Serait-il possible que l’artiste se moque ici des rituels pop ?

Peut-être. La riche culture pop a beau prendre des allures légères et joyeuses, elle n’en diffuse pas moins une gravité profonde. Elle crée des icônes qui sont adulées parce qu’elles parviennent à manipuler les sentiments de façon magistrale. C’est là un autre fait sinistre sur lequel enchaîne l’artiste sur scène, ce personnage qui commence par pleurnicher parce qu’il a oublié le mot de passe et qu’il reste donc coincé sur scène dans sa propre chanson. Dans cette situation désespérée, il ne lui reste plus que la solution de se tourner vers le cœur du public : "I want to feel it. / It wants to feel you." Le feedback audio se poursuit ainsi inlassablement jusqu’à : "I can't do this."

Mais celui qui va et vient sur le podium avec une planche entre ses genoux est bel et bien coincé. "I'm so touchable, I'm so touched." – "It's a feast of feelings. / It makes me change." Les textes de cette chanson sont de véritables torrents de mots. Le leader du groupe pousse inlassablement la pierre de son spectacle devant lui, mais cette pierre ronde revient sans cesse sur lui. "C'm on, feel it!" Les mots éclatent en vers de mirliton, la langue s’épuise, la prétendue attention de l’auditoire est démasquée et s’avère être une farce.

En offrant ce spectacle, le théâtre absurde fête la liberté sensuelle de la vie et de la musique pop, la normalité de la folie, le podium en tant que cellule, la création de l’art comme un travail de Sisyphe. Seghers se donne à 100% pour son public et le maintient sous son emprise jusqu’à la fin du spectacle. L’approche est cocasse, avec un petit côté fataliste, à la fois d’une ampleur énorme et énigmatique.

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