King Lear
© Maarten Vanden Abeele

Lauwers poursuit avec la création de King Lear une voie qu’il avait déjà pratiquée ; il alterne régulièrement ses projets propres avec des pièces de Shakespeare.
Les thèmes universels et intemporels, ainsi que la poésie inégalée des textes de Shakespeare, forment à chaque fois un nouveau défi pour l’homme de théâtre qu’est Jan Lauwers. Les adaptations qu’il a réalisées par le passé révélaient des accents qui fournissaient des indications très claires concernant le type de confrontation qui était engagée entre ces textes classiques et la vie et la pensée d’un metteur en scène contemporain. L’un des aspects de sa pensée est la fascination de la mort et du pouvoir. L’essentiel de l’actualisation de Shakespeare par Lauwers se trouve dans les façons de représenter la mort ; dans sa lecture contemporaine, il choisit de lui donner un sens qui rejoint les besoins actuels.

« Nous devons obéir à cette époque triste et oppressante, dire ce que nous ressentons, pas ce qu’on attend de nous. Ce sont les aînés qui ont le plus souffert. Nous qui sommes jeunes, nous ne vivrons jamais autant de choses, nous ne vivrons jamais aussi longtemps. »

King Lear est la pièce la plus ‘dérangeante’ de Shakespeare. Et ce sentiment dérangeant a été censuré pendant près de deux cents ans, pour n’être réhabilité qu’au 19ème siècle. Comparé, par exemple, aux très belles scènes de décès d’Antoine et Cléopatre dans la tragédie du même nom, les héros de King Lear ont une mort totalement dénuée d’intérêt, qui n’est pas libératrice.

« Too huge for the stage » est une autre remarque souvent citée. Shakespeare voudrait dire trop de choses à la fois. Cependant, je suis d’avis qu’en l’occurrence, Shakespeare fait passer sa condition d’artiste avant celle d’artisan du théâtre. Il se manifeste ici plus que jamais comme un artiste universel et contemporain qui suscite l’affrontement entre la forme et la matière d’une part et le contenu de l’autre, afin de dégager un sens nouveau. Ce que je recherche dans mon œuvre théâtrale, c’est l’instant où la forme et le fond se muent en une image ‘absolue’, loin de toute anecdote ou narration. Des moments où le temps semble figé et où l’image se grave dans la mémoire. C’est ce genre d’images que j’appelle des images-limite.

King Lear est une image qui renvoie au spectateur son regard, arrogante, provocante, et dans un silence de mort. King Lear ne donne aucune réponse. Il montre la colère et la souffrance sans commentaire. C’est peut-être pour cela qu’il est « too huge for the stage ».

 

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Lauwers poursuit avec la création de King Lear une voie qu’il avait déjà pratiquée ; il alterne régulièrement ses projets propres avec des pièces de Shakespeare.
Les thèmes universels et intemporels, ainsi que la poésie inégalée des textes de Shakespeare, forment à chaque fois un nouveau défi pour l’homme de théâtre qu’est Jan Lauwers. Les adaptations qu’il a réalisées par le passé révélaient des accents qui fournissaient des indications très claires concernant le type de confrontation qui était engagée entre ces textes classiques et la vie et la pensée d’un metteur en scène contemporain. L’un des aspects de sa pensée est la fascination de la mort et du pouvoir. L’essentiel de l’actualisation de Shakespeare par Lauwers se trouve dans les façons de représenter la mort ; dans sa lecture contemporaine, il choisit de lui donner un sens qui rejoint les besoins actuels.

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