Un personnage à deux visages raconte
Geert Sels - DE STANDAARD (6 mars 2002)

Quand un menteur ment-il? Dick Crane ne nous fournit pas de réponse simple et directe dans Images of Affection. Dès le début, l'acteur tente de gagner la sympathie du public mais il nous force à remettre en question tout ce qui paraît vraisemblable en se qualifiant lui-même de menteur. Son histoire, celle d'un homme qui perd les siens lors d'un attentat, est-elle fausse pour autant? Elle aurait pourtant pu réellement se passer. Ou faut-il plutôt s'attarder aux différentes scènes dans lesquelles il passe, tel un personnage à deux visages, de la thèse à l'antithèse. Cette production de la Needcompany a à peine commencé que l'on se retrouve déjà plongé dans le désarroi. Néanmoins, la lumière de la salle restée allumée suggère une grande complicité entre les parties en présence, les acteurs prennent cordialement le public à partie et le divertissent par des chansons à succès. Le metteur en scène Jan Lauwers joue un rôle perfide en nous séduisant dans un premier temps pour mieux nous claquer la porte au nez par la suite. En créant une atmosphère de bonhomie tout en maintenant un malaise latent. Une image épurée de l'homme ressort de cette représentation. Des personnages guillerets ne semblent pas changer la mise à sac de bons sentiments. Tout comme ils ne cessent de reconstruire en coulisses des tours dès que la précédente est renversée. Le mythe de Sisyphe pourrait être un fil conducteur mais il ne s'agit pas ici d'une épreuve mais d'une réconciliation avec la vie terrestre. Les extrêmes de cette existence constituent le cadre dans lequel Lauwers a placé sa représentation. L'image initiale: un homme et une femme, intensément enlacés. L'amour signifie le début de la vie mais dans la culture occidentale également le début du péché. Le plus petit embryon contient deux moitiés contraires. L'image ultime: les onze acteurs qui retirent leurs casques moroses d'oreilles de lapins et les placent en ligne devant le public. La résignation ultime. Pas de lutte, plus de mouvement. Léger et d'une douceur encore inconnue pendant les quinze années de la Needcompany, le groupe ouvre une nouvelle voie pour les prochaines années. Jusqu'à présent, Lauwers s'était révélé comme esthète absolu ou radical jusqu'à la chute. Ses dernières productions ont essentiellement eu lieu dans la pénombre et se sont terminées par un cataclysme. La lumière et la chaleur d'aujourd'hui laissent entrevoir une promesse dans l'œuvre; même si elle est systématiquement remise en question par une personne trop sceptique pour s'y adonner. La situation est désespérée mais pas sérieuse. Puisant à volonté dans la musique, la danse et le texte, les acteurs réussissent à apporter avec beaucoup de talent des variations en rythme, puissance et vue de la représentation. Avec en plus des références aux œuvres précédentes comme l'énumération d'années et de guerres, l'érection de tours ingénieuses. Grace Ellen Barkey dans une danse orientale, les références à "My dead wife". Même le choix de la musique, les succès revus de The Kings accompagnés d'un bruitage en désaccord en fond, font référence à The Residents dans King Lear. Images of affection est une tentative de se réconcilier avec la vie. Même si elle dérange. Elle est amusante, elle fait mal et on ne sait jamais comment elle va se terminer.

Needcompany
Performers weNEEDmoreCOMPANY Invisible Time Contact
 
productions
Jan Lauwers Grace Ellen Barkey Maarten Seghers arts de la scène arts visuels Film
 
dates de tournée
Calendrier
 
Publications
Livres Musique Film
 
Bulletin
S'inscrire Archive
NEEDCOMPANY  |  info@needcompany.org  |  Privacy  |  Pro area
This site uses cookies. By continuing to browse the site, you are agreeing to our cookies policy.