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Cette adaptation théâtrale par moments magistrale est un mélange de musique live, de danse, de performance et de théâtre populaire. Le cœur du spectacle, impressionnant, est la présence de Viviane De Muynck dans le rôle de La Narratrice.

Vers le milieu de la pièce Guerre et Térébenthine a lieu un violent affrontement d’escrime entre certains performers. Les danseurs s’envoient valdinguer les uns les autres sur la scène, des vêtements sont arrachés à des corps vigoureux. C’est une lutte à mort, et cela paraît dangereusement réel. C’est ainsi que le metteur en scène Jan Lauwers représente l’horreur de la Première Guerre mondiale, qui compte encore en Belgique parmi les grands traumatismes nationaux.

Lauwers a adapté le roman à succès Guerre et Térébenthine (2013) de Stefan Hermans au théâtre, une coproduction de sa Needcompany et du Toneelhuis d’Anvers. Une prouesse, car la brillante description de la vie d’Urbain Martien, le grand-père de Hertmans, est tellement littéraire qu’il était difficilement concevable d’en faire un spectacle. Pourquoi songer à le faire, d’ailleurs, sachant combien le livre est beau ? Eh bien, parce que Lauwers avait à sa disposition l’actrice Viviane De Muynck, et qu’il se trouve qu’il possède une imagination théâtrale débridée.

Le prologue est connu : Hertmans a reçu de son grand-père Urbain Martien, juste avant la mort de ce dernier en 1981, quelques cahiers remplis de notes sur sa vie avant, pendant et après la Première Guerre mondiale. Une vie entre guerre (Martien était soldat au front) et térébenthine (il était aussi artiste peintre) : la chronique d’une vie d’homme remplie de violence, de traumatismes, d’amour, de mort et du réconfort de l’art.

Cette adaptation théâtrale par moment magistrale est un doux mélange de musique live, de danse, de performance et de théâtre populaire. Le cœur du spectacle, impressionnant, est la présence de Viviane De Muynck dans le rôle de La Narratrice. Pendant plus de deux heures, elle réussit un tour de force inouï : elle raconte, empathise avec une distance juste, et représente par les mots. C’est à juste titre que toute la salle du théâtre Bourla d’Anvers l’a applaudie et ovationnée.