Un paysage sonore concertant sur la mort, le vide et la vie entre les deux. Huang Ruo bâtit des
ponts musicaux entre l’Asie et l’Occident mais aussi entre la vie et la mort.

Que se passe-t-il entre une vie qui se termine et ce qui arrive ensuite ? Y a-t-il un espace intermédiaire, un moment où nous ne sommes plus qui nous étions mais où nous ne savons pas encore qui nous allons devenir ?

Between Two Lights n’est ni du théâtre musical narratif ni un concert classique. C’est
une expérience d’écoute corporelle. Un voyage le long de la frontière de l’existence,
aller et retour. Le compositeur sino-américain Huang Ruo a trouvé pour cette œuvre
ses racines dans le Sutra du Cœur, un texte du bouddhisme où le vide et la forme se
fondent l’un dans l’autre. Pas de mystique abstraite ici, mais une ligne directrice pour ce
qui nous touche tous : l’insaisissable moment entre l’adieu et le début.

Pendant la pandémie, Huang Ruo a perdu sa mère. Il est revenu dans son village natal
et a participé à un rituel de deuil traditionnel durant 7 jours, suivis de 7 semaines de « bardo » - un temps de transition. Un temps de silence. De recherche. Partant de cette perte intime sont nées les premières notes de cette composition. Between Two Lights se construit comme des mantras musicaux : des motifs qui sonnent, mais qui deviennent également perceptibles par le corps. Des sons comme porteurs de rythme, de souffle et de souvenir. Dix-sept chanteurs du Nederlands Kamerkoor, la performeuse Grace Ellen Barkey et Huang Ruo se meuvent à travers l’espace. Leur son et leur corps résonnent, renforcés par le silence. La voix devient mouvement. Le vide prend forme.

Dans la mise en scène d’Aïda Gabriëls et Tido Visser, le public n’est pas un spectateur mais un participant. Nous bougeons de l’extérieur vers l’intérieur, du personnel à l’universel et nous revenons vers ce que cela signifie pour chacun d’entre nous, ici et maintenant.

Oserons-nous regarder le moment où tout se fige ? Regarder ce que nous ne savons pas. Regarder le vide. Regarder ce qui nous relie tous mais est rarement nommé.