L’adpatation théâtrale de ‘Guerre et térébenthine’ de Jan Lauwers : une œuvre d’art totale
Jan De Smet - De Morgen (9 décembre 2017)

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Un intense récit dramatisé, qui part d’un concept de mise en scène original, et porté par une distribution puissante.

Guerre et Térébenthine est un récit du romancier, poète et essayiste Stefan Hertmans. Juste avant sa mort, le grand-père de Hertmans, Urbain Martien, a laissé à son petit-fils plusieurs cahiers. Trois décennies plus tard, ces 600 pages forment la base dudit roman. Cette épopée familiale raconte la pauvreté, les horreurs de la guerre et le malheur en amour. Le personnage principal sublime toutes les adversités en se glissant dans un rôle de peintre copiste méticuleux qui trouve le réconfort en tentant d’égaler les grands maîtres.

Le livre était mieux, et autres clichés

L’idée selon laquelle toute adaptation au cinéma et au théâtre livre contre l’original un combat perdu d’avance, Jan Lauwers l’ignore superbement. Il faut une certaine dose d’hubris pour s’attaquer à un chef-d’œuvre qui a récolté une attention qu’il méritait, en Belgique comme à l’étranger, sous la forme de nominations, de prix et de traductions. Pour transformer une brique de plus de 300 pages en un spectacle de deux heures qui soit appréciable, il faut – outre du culot – un sacré savoir-faire. Et Jan Lauwers n’en manque pas.

Triumvirat

Lauwers a fait de son Guerre et Térébenthine une œuvre d’art totale pour laquelle il s’est abreuvé à trois sources différentes : la parole, la musique et la danse. Initialement, ce sont trois ruisselets qui murmurent, mais au fil de la représentation, ils confluent en un seul maelstrom impétueux. On oublie très rapidement que c’est un monologue qui est présenté sur la scène.

Viviane De Muynck s’est vu attribuer le rôle de narratrice, une perspective narrative qui est différente de celle du livre. De sa présence dominante à l’avant-scène, elle signe une performance inoubliable. Droite comme un i, immobile, tantôt elle débite ses phrases avec empathie, tantôt son jeu d’actrice cède la place à une lecture décontractée des textes originaux. A d’autres moments elle devient une narratrice à la première personne, qui est aspirée dans l’histoire par-delà la mort.

Ce qui est raconté à l’avant-scène est reflété derrière le dos de la narratrice dans la musique et la danse. La chorégraphie et les compositions de Rombout Willems pour piano, violoncelle et violon ondulent de concert avec la trame dramatique des événements. Parfois tout cela devient fort intense : des projections avec des paroles cinglantes, des musiques grinçantes, et une chorégraphie frénétique avec des combats au corps-à-corps, des danseurs qui frappent les parois du fond de la scène, des parties d’escrime.

Il y a aussi un gimmick, à savoir la présence du dessinateur Benoît Gob, qui fait des dessins au fusain à l’abri de toute cette agitation, et qui figure dans ce rôle silencieux le grand-père toujours présent.

Même si l’imagination et l’abstraction ont le champ libre pendant toute la représentation, de nombreuses scènes sont d’un réalisme sans fard. L’agonie de Maria Emelia, la bien-aimée, est l’une de ces scènes explicites.

Le point faible de Guerre et Térébenthine est le caractère parfois chaotique et les longueurs qui s’insinuent çà et là, lorsque l’action s’enlise à force de trop insister sur un même thème.

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